• Moi qui pensais devoir me farcir des missions plutôt ennuyeuses, je me retrouve à pouvoir coupler l'utile et l'agréable ! Je suis amenée à voyager de part et d'autre des continents de Nexus et on ne va pas se le cacher, ça réjouit grandement mon âme d'exploratrice ! Entre deux missions, je découvre les environs. Moi qui étais habituée à la partie constamment chaude et aride de Mikros, j'ai été sacrément surprise de constater à quel point l'environnement et la météo pouvaient varier sur une si petite distance ! Et je ne vous parle pas des créatures qui y rôdent... Je songe à faire un bestiaire tellement elles m'intriguent mais pour l'heure, j'ai du pain sur la planche.

    Par ailleurs, j'ai remarqué quelques étrangetés sur certains de ces lieux mais mes missions ne concernant pas (encore) directement les Eldans, leur technologie avancée et tout ce qui peut s'en rapporter, j'ai préféré me tenir à l'écart de tout cela. J'attends d'être un peu mieux équipée et informée pour me lancer dans l'inconnu.

    ● Visites entre deux missions


  • Contrairement à ce que je pensais, j'ai eu moins de temps que prévu pour prendre des notes. L'arrivée a été relativement perturbée par quelques... problèmes de type Exilés. Bien que je n'aie aucune haine à leur encontre, ça m'a quand même bien embêté : je n'ai pas eu le temps de me familiariser avec mon nouvel environnement. A Mikros il faisait chaud, on pouvait se balader sans armures ni armes et flâner partout sans se poser de questions... Ici c'est autre chose, ah ça ouais ! Il faut s'habituer au poids des équipements sur soi (équipements que je n'ai testés qu'une fois sur ma planète d'origine) et bien faire attention à où on met les pieds. J'ai d'ailleurs eu le droit à de sérieuses remontrances en manquant de marcher sur une mine en sortie de base... 

    Même si je suis ici parce que je veux explorer Nexus et en apprendre davantage sur les civilisations qu'elle abrite (les Eldans en priorité), je me trouve sous la tutelle du Dominion ; par conséquent, je dois suivre leurs directives au doigt et à l'œil... Pour le moment. Ce n'est que le début, on me lâchera probablement un peu la grappe par la suite : je ne suis pas la seule à qui on confie des missions, que je sache ! Pour l'heure, Wyr Esprithardi est encore portée disparue : j'agis sous l'identité d'Ifreann Tana, guerrière de la faction du Dominion, pour éviter qu'on ne me retrouve. Si mon père parvient à me localiser, j'ose même pas imaginer en quoi il va me transformer...   


  • Enfin !

    Je ne pensais jamais arriver au bout des tâches que m'a confié Ori Unserg, la... gentille ? Chua qui m'a prise sous son aile après ma fuite de Mikros. Je sais qu'elle a un peu abusé de la situation pour faire de moi tout ce qu'elle voulait mais entre ça ou me faire renvoyer illico presto sur ma planète, où mon père doit sûrement m'attendre pour me foutre une bonne raclée... Le choix était vite fait !

    Heureusement, je n'ai pas servi de cobaye pour des expériences risquées : Ori tient sûrement plus à moi qu'elle n'ose le prétendre... Pis de toute manière, ils avaient déjà leurs sujets pour ça, sûrement bien choisis. Moi, je me suis plutôt chargée des sales besognes : faire les inventaires, les courses, le ménage, cuisiner (ils sont super exigeants à ce niveau d'ailleurs !), retrouver des objets, des matériaux nécessaires à l'élaboration de nouveaux projets... Y'a pas à dire, les Chuas, ils ont de la suite dans les idées. Peut-être trop. Bon je vais pas me plaindre, j'ai pas eu de problèmes pendant mes petites missions. En plus, ma présence n'a pas l'air de les avoir dérangés. Moi qui pensais que les espèces avaient tendance à se cracher sur la figure, il faut croire que le Dominion a réussi à instaurer un semblant de paix. Ouaip, une Draken qui se balade librement sur Bezgalor, ça aurait pu foutre un sacré bordel si cette faction n'avait jamais existé... Au moins, elle a quelques bons côtés. A moins que ce ne soit que l'effet dissuasif de ma "protectrice" sur ses congénères.

    Ori se charge de finir de rassembler toutes les affaires nécessaires à mes voyages, comme convenu. Au bout de plusieurs mois de service, me voilà enfin libre ! Un vaisseau embarquera bientôt pour Nexus, la fameuse planète autrefois habitée par les Eldans. C'est là-bas que je me rends en premier lieu et pour la suite... On verra. J'ai le temps.

    ● Bientôt libre !


  • C’est une douleur vive au niveau de l’arrière-train qui la sortit violemment de son sommeil. Il  lui sembla même que le sol se dérobait sous ses pieds... Et en réalité, c’était vraiment le cas : tirée vers le bas par elle ne savait quelle force, elle perdit un étage et s’écroula sur la plateforme métallique du vaisseau. Le temps de reprendre ses esprits et Wyr réalisa qu’elle était entourée par plusieurs chuas qui la dévisageaient d’un air presque malsain.

    - Qu’est-ce que ça fait là ?
    - Un cobaye gratuit pour chua !
    - Croyez que cornes se vendent bien ?

    Par réflexe, Wyr vérifia qu’elle était encore intacte : elle remarqua simplement que sa queue était attachée par une épaisse corde – d’où la douleur à l’arrière-train. C’était sûrement de cette manière qu’ils étaient parvenus à la sortir de sa cachette... Un chua à la fourrure beige-grisâtre s’adressa alors à elle.

    - Qu’est-ce que toi, draken, tu fais ici ?

    Wyr nota laconiquement que la voix était féminine et marquée par un brin de vieillesse. Pourtant, l’apparence de la petite chose aux grandes oreilles ne donnait pas grande information quant à son genre.

    - Je veux aller sur Nexus, répondit-elle d’une voix qui se voulait assurée mais qui ne le fut pas tant que ça.

    La chua qui avait posé la question esquissa un étrange sourire qui, pour la grande cornue, ne signifiait rien de bon. Ses yeux s’illuminèrent d’intérêt à peine dissimulé. Le petit rongeur fit signe à ses compères de retourner vaquer à leurs occupations tandis qu’elle se penchait vers son visage pour planter ses grands yeux grisâtres dans les iris orangées de Wyr.

    - Tu pourras peut-être atteindre Nexus... Si tu es suffisamment intéressante pour obéir à Ori.


  • Très bien bâtis physiquement mais bêtes comme leurs pieds, Wyr parvint à convaincre les gardes de la laisser sortir, prétextant une envie pressante. L’un d’eux l’accompagna – alors qu’Awrakel avait bien insisté sur le fait de toujours être en supériorité numérique avec elle. Elle s’enferma à clé, observa tout autour d’elle afin de trouver une issue : il n’y avait pas de fenêtres, simplement un espace ouvert, au dessus, par lequel elle pourrait passer pour s’enfuir. Une seule chose la tracassait : le bruit. Si le garde n’entendait rien d’autre que des sons évoquant le mouvement, il allait probablement se poser des questions. Finalement, elle opta pour la solution « draken » : après s’être mise dans les meilleures conditions possibles – qui consistait à profiter, tout de même, des toilettes pour vider sa vessie –, la jeune créature ouvrit la porte. Presque immédiatement, alors que le garde tournait la tête pour l’avoir dans son champ de vision, Wyr lui asséna un énorme coup de boule et s’assura de sa réussite en l’achevant avec ses cornes. Elle laissa le garde choir à même le sol et ne tarda pas à se jeter en dehors des sanitaires pour rejoindre la sortie – dont elle ne connaissait que trop bien l’emplacement.

    Elle faillit rire du fait qu’aucun garde n’était posté autour du bâtiment : ils s’étaient contentés de rester dans la salle où elle avait été enfermée. Elle ne sut expliquer pourquoi mais elle se sentit obligée de passer devant les vitres de la pièce : elle tira la langue avec provocation, telle une enfant désobéissante, et acheva de les mettre en rogne en leur adressant un très beau geste injurieux des deux mains. Elle vit distinctement certains drakens se jeter hors de la pièce tandis que d’autres continuaient à cligner bêtement des yeux, hébétés.

    Vive et habituée aux terrains escarpés, Wyr quitta définitivement son village sans se retourner. S’il y avait un moyen de quitter Mikros, elle le trouverait probablement dans le plus grand territoire de la planète, où vivait le haut patriarche des drakens.

    Il s’avérait que plusieurs vaisseaux chua, hautement surveillés par ses comparses d’espèce, étaient justement arrêtés là. On en déchargeait d’énormes boîtes rectangulaires qui contenaient probablement des armes diverses et variées. Wyr n’avait jamais vu de chuas de ses propres yeux : ces créatures étaient vraiment très petites et semblaient aussi perverses qu’on le lui avait raconté ! Mais peu importait, elle ne laisserait pas l’opportunité lui filer entre les doigts : attendant le moment propice, la jeune draken se glissa derrière une ligne de cargos, se faufila entre les paquets, s’accrocha à la plateforme qui menait au vaisseau et s’y glissa tandis que chuas et drakens, en contrebas, se dévisageaient. Manque de bol, elle croisa un petit groupement de rongeurs. Presque immédiatement, elle prit une posture beaucoup plus confiante et fit mine d’aller récupérer une boîte, située sur sa gauche. Les petites créatures ne la regardèrent qu’un instant et s’éloignèrent pour descendre sur terre ferme. Wyr s’enfonça dans le vaisseau et chercha un lieu dans lequel se cacher : elle trouva une accès au plafond, parvint à l’ouvrir sans trop de problèmes – le vaisseau était conçu pour des chuas, pas des drakens – et s’y glissa tant bien que mal. Il s’agissait d’une sorte de caisson sécurisé dans lequel pouvait aisément se déplacer un rongeur. Wyr pouvait seulement s’y allonger pour pouvoir passer en hauteur mais ce n’était pas ce qui la gênait le plus : à vrai dire, les explosifs qui l’entouraient avaient quelque chose de bien plus intimidant.

    Wyr ne sut pas dire combien de temps s’était écoulé depuis qu’elle s’était glissée dans sa cachette. Elle était en train de s’assoupir lorsque le vrombissement et les tremblements du vaisseau qui démarrait, amplifiés par la forme et la sonorité du caisson, la firent sursauter, sa tête heurtant douloureusement le plafond sous le mouvement. Néanmoins, elle s’y habitua et finit même par s’endormir... La tête posée sur un paquet d’explosifs.