• ● Le reflet d'une draken faible

    ● Le reflet d'une draken faibleMoi qui pensais que l’Entité ne pouvait nous attaquer que par le biais de l’Autre ou de sa souillure, je me suis trompée. Elle a réussi à s’infiltrer dans mon esprit. Je sais qu’elle n’était pas vraiment là mais j’ai distinctement senti sa puissance m’écraser, sa toxicité brûler ma chair et ses bras difformes entourer la petite chose que j’étais, non pas pour me rassurer, mais pour m’étouffer. Au départ, ce n’était qu’une sensation, le genre de choses que l’on ressent dans ces rêves dont on ne peut s’extirper. Puis la douleur a commencé à me brûler, au niveau du visage. Lorsque je me suis réveillée, je n’étais plus dans mon lit mais dans la salle de bain et mes yeux étaient posés sur le reflet dans le miroir : j’étais littéralement en train de me griffer le visage à sang, sans parvenir à me contrôler, sans réussir à m’arrêter. Et je m’observais, là, comme s’il s’agissait d’un spectacle auquel j’étais obligée d’assister. Un long et douloureux spectacle.

    Je me suis demandé ce que faisait l’Autre, elle qui avait pourtant toujours veillé à ma protection. Je ne sentais plus sa présence, comme si elle avait littéralement disparu de mon esprit. Mais la souillure était bel et bien là, sur mon corps, à l’intérieur de moi, et je la voyais évoluer progressivement tandis que l’Entité m’infligeait son courroux. Puis j’ai senti la chaleur de l’Autre s’éveiller, sa volonté tenter de reprendre maladroitement le contrôle de la situation. Je suis parvenue à baisser les bras et mon premier réflexe a été de sortir de la salle de bain dans l’unique but de ne plus me voir, de ne plus devoir subir l’image de cette draken ensanglantée et dont le visage commençait à être touché par la corruption.

    Les pas précipités dans les escaliers m’ont permis de penser à autre chose qu’à ce que j’étais en train de vivre. Elvawen avait-elle été avertie par l’Autre pour se réveiller en même temps qu’elle ? Toujours est-il qu’elle a tenté de me rassurer tout en s’armant de choses et d’autres pour me soigner. J’avais presque honte de la regarder en face tant ma propre image me répugnait. Mais j’ai quand même levé les yeux, ou plutôt le seul ouvert, puisque la paupière de l’autre me faisait bien trop mal pour la bouger.

    La corruption a gagné, cette fois-ci. J’ai eu tord de relâcher mon attention, pensant être un tant soit peu à l’abri, loin des lieux que détient l’Entité. Le temps presse mais je me sens trop faible pour affronter ce qui nous attend sur la route. Vais-je y passer avant de parvenir à mes fins ? 

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